"Age et santé : un enjeu de santé publique et de cohésion sociale, l'urgence de coordonner les efforts" - 23 juin 2016 - Conseil de l'Europe, Strasbourg (France)
"La France a découvert en 2003, pendant une période de canicule, qu’elle était un pays vieux. Elle a découvert alors qu’elle ne prenait pas soin de ses personnes âgées les plus vulnérables". C'est ainsi que Dominique Predali introduit son propos.
Le gouvernement avait affirmé, poursuit elle, que ces personnes âgées étaient mortes surtout au domicile. En fait, des études ont prouvé que c’était dans des institutions, à l’hôpital et en maison de retraite que la majorité d'entre elles étaient mortes de déshydratation et d’hyperthermie. Cela a été un choc, constate Madame Predali, et l’on s’est alors demandé comment une chose pareille pouvait se produire dans un pays dit "civilisé".
Il lui a été alors proposé d’enquêter sur la prise en charge médicale et medico-sociale des personnes âgées tant en France qu'à l'étranger. Partout la situation lui est apparue stupéfiante, "horrible".
vieillir à l'OMS, prédécesseur de John BEARD, Dominique PREDALi conclut par ces mots : "la maltraitance est le secret le mieux gardé dans tous les pays et aussi le dernier tabou du 21ème siècle" !
- une attente aux urgences plus longue pour les personnes âgées que pour les autres, la situation des personnes plus jeunes étant considérée plus urgente alors qu'une personne fragile et vulnérable sera victime d'une déshydratation rapide et décédera beaucoup plus vite
- la difficulté d'orientation vers les services adaptés en raison du manque de lits en gériatrie ou d'une erreur de diagnostic due aux conséquences des conditions d'accueil : la déshydratation entraîne une confusion mentale...
- la manutrition : une personne âgée admise, par exemple, en milieu hospitalier pour fracture de la hanche, sans autre problème, peut se retrouver sévèrement dénutrie après un court séjour
- l'abus de médicaments et particulièrement de calmants ou d’antidépresseurs tels que les benzodiazépines qui provoquent une déshydratation, même si l'on donne à boire. Ceci est tout aussi vrai, fait-elle remarquer, en Australie, qu'au Canada ou aux Etats-unis.
- la carence en personnel, qualifié ou non. Un aide soignant peut se retrouver seul pour 80 personnes. Il lui est, dans ces conditions, impossible de gérer deux urgences simultanées. Laquelle privilégier ?
- le modèle économique d'une industrie qui conduit à réduire les coûts de chauffage, de personnel ou de nourriture, ce qui provoque, selon les termes-mêmes de Dominique Predali "le tiercé gagnant" des causes de décès évitable que sont la déshydratation, la malnutrition, les escarres, suivies de près par l'abus de médicaments, les chutes et les infections urinaires. Selon des études américaines et canadiennes, le taux de maltraitance serait d'autant plus élevé que le bénéfice réalisé par la structure d'accueil est important.
- l'absence d'études sur la maltraitance en Europe
Maltraitance ou négligence ? Un secret bien gardé
Partout, indique Dominique Prédali, on constate une approche différenciée, selon qu'il s'agit d'un enfant ou d'une personne âgée :
Pour l'un, il s'agit de "maltraitance" réprimée par la loi, pour l'autre, tout au plus d'une "négligence" ou d'un "dysfonctionnement organisationnel"
Citant Alexandre KALACHE, ancien directeur du Programme mondial sur la santé et le bien