"Age et santé : un enjeu de santé publique et de cohésion sociale, l'urgence de coordonner les efforts"
23 juin 2016 - Conseil de l'Europe, Strasbourg (France)
Les questions clé de l'intervention de Jozseph Gabanyi
Le docteur Gabanyi rappelle qu'ils sont nés entre 1915 et 1935,qu'ils ont vécu une ou deux guerres (voire plus) , qu'il ont traversé des crises économiques, qu'ils ont échappé à la mort dans leur enfance. Ils ont connu les maladies infectieuses, la maternité, les cancers, les maladies non transmissibles comme l’artérite et bien d'autres
Il sont des survivants du 20ème siècle, devenus les fragiles du 21ème.
Dignité : laquelle ? . Selon la définition libérale et substantive : la dignité serait liée à l’autonomie de la personne. Que devient la dignité en cas de perte de l’autonomie ? Et la perte de quelle autonomie ? Physique ? Cognitive ? Psychologique ?
La dignité de la personne dépendante serait-elle le simple reflet de l’éthique de ceux qui la soignent ? Où est passée la participation ?
Indignité. Première source : l’entourage. La famille, les proches, les professionnels.
Liberté de choix : quelle est la valeur la plus importante ? Qualité de vie ou sécurité ? La quête de sécurité peut se traduire par une contention physique et chimique, la limitation des choix, de la liberté etc.
Respect : ce qui manque le plus souvent dans les interactions inter générationnelles. Désolidarisation des familles, dignité individuelle. Et vieillissement individuel. Aujourd’hui l’on parle de papy-boom, demain de single-boom? Attention à cette génération qui vieillit seule! L’importance de la famille a été démontrée dans plusieurs pathologies liées à âge comme facteur de protection, si l’on perd cela, attention à la fragilité et la perte de l’autonomie !
Qui paye pour qui ?
Les transferts inter générationnels atteignent des sommes très importantes en Europe. D’un côté, les économies des personnes âgées sous forme de donation ou d’héritage, de l’autre coté, les systèmes de santé et de protection sociale en leur faveur.
Comment compenser la perte de l’autonomie ?
Il était une fois la famille…
Puis l’individualisation de la société, et la délégation de soins à la communauté. (Soins à domicile, institutions, professionnels, entreprises). Le poids du financement est très majoritairement public. Peu d’assurance privée, plutôt Sécurité sociale, les budgets nationaux ou locaux.
Les dépenses de santé
Selon l’OCDE, plus liées à la fin de vie, qu’à âge. Malgré cela, la courbe de J du National Bureau of Economic Research fait encore référence dans les discours âgistes.
Qui est responsable de ces dépenses ? Qui est le consommateur dans un processus de prise en soins? La personne? Les médecins? La famille? etc.
Et le gériatre dans tout cela?
Le spécialisation médicale pour des « vieux » est la spécialisation la plus jeune!
Royaume Uni 1948, Hongrie 2001
Le rôle du gériatre est très variable d’un pays à l’autre. Selon les références, dans la gériatrie bien appliquée se retrouvent qualité de vie et dépenses maîtrisées. (Evaluation gériatrique standardisée, méta analyses etc.) Mais cette spécialité est sous utilisée, la formation des médecins est encore insuffisante.
Après la transition démographique et la transition épidémiologique, il existe une nécessité de transition médicale avec diffusion et communication des méthodes et du savoir faire des gériatres.
Évaluation systématique de processus de vieillissement, observatoire de prévention des maladies liées à l’âge, expertise loco- régionale pour des problèmes gériatriques etc. Il existe des bonnes pratiques. Les sociétés savantes sont capables de rassembler les données et formuler les messages.
Mais c’est aux pays membres de créer les nouvelles formes de prise en charge pour intégrer la gériatrie dans la pratique de médecine.
[i] Le docteur Jozsef Gabanyl est médecin gériatre, ancien secrétaire général de la Société de Gériatrie et de Gérontologie Hongroise.
Membre fondateur de l’EUGMS (European Union Geriatric Medicine Society) . Auteur de 3 chapitres dans le manuel de gériatrie en hongrois. Créateur du premier service de court séjour gériatrique à Budapest et du premier hôpital gériatrique en Hongrie.
Ancien expert au Conseil de l’Europe pour la charte de personne dépendante, et à l’OCDE pour le groupe de travail AVC comme maladie liée à l’âge.
Exerçant en France depuis 2008 en gériatrie, il préfère la médecine de proximité et le contact direct avec les patients âgés, un peu éloigné des hôpitaux universitaires
C’est l’un des « Douze gériatres en colère », interviewés par Dominique Predali