Pour Dominique JUNG, la France a eu conscience de transcender son individualisme, mais à la gratitude éprouvée devant la mobilisation immédiate a succédé, chez lui, un sentiment d'inquiétude devant le nombre de personnes dubitatives, sceptiques, récalcitrantes non pas devant la tuerie, unanimement condamnée, mais devant l'émotion qu'elle suscitait. : est-ce que nous n'avons pas fait le plein des convaincus, interroge-t-il ? Est-ce que nous n'avons pas participé à une sorte de rite d'exorcisme collectif qui nous a fait du bien mais qui a laissé indifférente une partie non négligeable de nos concitoyens ?
Ne pas minorer l'antisémitisme
Si le combat pour la liberté de la presse est un combat noble, il ne doit pas écraser, insiste Dominique JUNG, d'autres combats tels que celui contre l'antisémitisme "pointé du doigt" par les événements du 11 janvier.
Considérer la nouvelle carte de l'information
Dominique JUNG estime que la carte de l'information est aujourd'hui redessinée, avec un fossé concernant la crédibilité des sources : les réseaux sociaux produisent le pire et le meilleur, l'immédiateté de l'information mais aussi la circulation et l'amplification d'informations non vérifiées, de rumeurs fausses et dangereuses... un bombardement de particules. Ces rumeurs prennent du crédit par le seul fait qu'elles existent et qu'elles circulent, dit-il citant l'exemple des thèses complotistes apparues sur internet. C'est ce type d'information qui explique, à ses yeux, la violence des manifestations d'hostilité envers la France, observées dans certains pays.
Multiplier les questionnements, c'est notre rôle de journaliste souligne le rédacteur en chef et éditorialiste des DNA, notamment sur le lien entre le politique et le religieux, entre l'esthétique et la façon de penser la société, entre la mondialisation et la création d'une nouvelle "Terra incognita", l'apparition de zones où l'on ne peut pas pénétrer sans risquer la mort, dit il, en espérant que le journaliste japonais détenu par Daech soit épargné.
A ses yeux, la tuerie de Charlie Hebdo montre qu'au cœur de l'Europe, existent des "mentalités qui peuvent sembler à mille lieux des valeurs dont nous souhaitons qu'elle soient universelles"...
Texte de l'intervention de Dominique JUNG
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